Amédée Couesnon
En 1827, un certain Auguste Guichard ouvre une manufacture d’instruments de musique. Reprise par son beau-frère Pierre Gautrot en 1845, l’entreprise ne cesse de s’industrialiser. En 1855, Gautrot décide d’implanter la société à Château-Thierry sur un terrain de 4 hectares.
10 ans plus tard, il est rejoint par Félix Couesnon qui devient son banquier. Félix a un fils, Amédée Couesnon, et Pierre Gautrot, une fille. Tous deux se marient et, à la mort de Gautrot, Amédée reprend la gérance de l’entreprise. Il la rebaptise société Couesnon et Cie.
Sous sa direction, l’usine devient la plus moderne et la plus grande manufacture d’instruments de musique au monde. L'innovation et la renommée de l'entreprise Couesnon sont telles que, lors de l’exposition universelle de Paris de 1900, on la classe hors concours, car elle a déjà remporté tous les titres lors des éditions précédentes.
À la veille de la Première Guerre Mondiale, Couesnon possède 6 usines et chacune d’elle fabrique un certain type d’instrument. L’usine de Château-Thierry est spécialisée dans les cuivres et les percussions et emploie à elle seule 600 ouvriers sur les 1 000 que compte la société.
Amédée Couesnon profite de cet élan pour débuter une carrière politique. Il occupe les fonctions de député de 1907 à 1924 et de conseiller ministériel. Il obtient les Palmes Académiques et devient Officier de la Légion d’Honneur en 1919. Il se lie également d’amitié avec le plus grand industriel de la musique aux Etats-Unis, C.G. Conn, et s’associe même avec la maison Columbia pour laquelle il fabrique des disques. Il côtoie les grands noms de la musique de l’entre deux-guerres, parmi lesquels Joséphine Baker et Lucienne Boyer.
L’entreprise continue de croître jusqu’à la crise de 1929. Elle connait alors de grandes difficultés financières. Amédée Couesnon décède en 1931, ce qui affaiblit encore l’activité de la société.
La marque subsiste malgré tout, relayée par de grandes icônes de la musique et notamment du jazz telles que Sidney Bechet ou Bill Coleman. Un incendie criminel survenu en 1979, au cours duquel la société perd une large part de ses biens et de ses archives, met définitivement un terme à son apogée.
Toutefois, le savoir-faire de l’entreprise ainsi que quelques machines sont sauvées par l’une de ses anciennes ouvrières, Mme Planson. Elle décide de perpétuer les techniques de fabrication traditionnelles et crée la société PGM. L’entreprise prospère et innove en créant une gamme de percussions en fibres de verre.
En 1999, Mme Planson rachète l’entreprise Couesnon, alors en liquidation judiciaire, et constitue la société PGM Couesnon. Pour avoir ainsi fait perdurer cet artisanat français rare et de haute qualité, elle se voit récompensée en 2013 par le label « Entreprise du Patrimoine Vivant », décerné par l’Institut Supérieur des Métiers et par le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.
Aujourd’hui, le nom d’Amédée Couesnon résonne encore au sein de corps musicaux prestigieux : la compagnie des carabiniers du Prince de Monaco, la musique de la Garde Républicaine et la musique des Pompiers de Paris, la garde Royale du Maroc ou encore l'armée Chilienne jouent avec les instruments PGM Couesnon.