Quentin Roosevelt
Figure emblématique de l'amitié franco-américaine et fils de Théodore Roosevelt, président des Etats-Unis d’Amérique de 1901 à 1909, Quentin Roosevelt est né à Washington le 19 novembre 1897. Passionné de littérature mais aussi de mécanique, c’est au cours d’un voyage en Europe et plus précisément à Reims, l’été 1909, que va naître son désir d'être aviateur. Il écrit à un ami : « À Reims nous avons vu tous les avions décoller. Tu ne peux pas imaginer comme c'est beau ! Le plus beau est un monoplan appelé Antoinette, on dirait un grand oiseau, il vole très vite. »
Lorsque les Etats-Unis entrent en guerre contre l'Allemagne le 6 avril 1917, les quatre fils Roosevelt souhaitent ardemment s’engager aux côtés de la France. Quentin entre dans l’école d'aviation de Mineola. Très vite, tous lui découvrent un don qui font de lui l'un des meilleurs élèves-pilotes de l'école. Il part pour la France le 23 juillet 1917.
Sur place, il demande à ses parents de lui envoyer des livres et continue à écrire. Il imagine des histoires où les militaires ne peuvent supporter sans remords leur action destructrice qui les hante ensuite, parfois jusqu'au suicide.
Depuis son arrivée en France, il cherche à tout prix à rejoindre le front, pour ne pas finir « embusqué ». Il s’entraîne à être pilote de chasse et obtient de bons rapports : « Très bon pilote. Atterrissages très réguliers. Très bon tireur. Esprit très militaire. Beaucoup d'allant. »
Le 18 juin 1918, il est finalement affecté à la 95e escadrille aéroportée du 1er groupe de chasse américain. Il sort en patrouille le long des lignes ennemies. Il va même en Allemagne le 19 juin pour assurer protection et réglages d'appareils. Après de nombreux vols, il est nommé dans un secteur risqué près de Paris. Il écrit : « Enfin je suis au front, et je suis heureux, heureux ! ». Le 11 juillet, il obtient sa première victoire dans le ciel de la Seine-et-Marne en abattant un avion allemand.
Le 14 juillet, jour de fête nationale, il vole derrière les lignes allemandes au nord de Château-Thierry avec 5 autres pilotes aux commandes d’un Nieuport 28. Son groupe tombe alors sur sept avions allemands. La bataille s’engage et Quentin décide de prendre en chasse un avion de l’escadrille du baron rouge. Au cours du combat, il est défait et s’écrase à Chamery, village proche de Château-Thierry. Dans la confusion, les américains battent en retraite et s’aperçoivent de la disparition de l’avion de Quentin. Ils l’espèrent prisonnier, mais finissent par apprendre sa mort par un communiqué allemand : « Le 14 juillet, sept de nos avions de poursuite furent attaqués par des avions américains au nord de Dormans. Après une lutte acharnée, un des pilotes, après s'être battu vaillamment, fut tué de deux balles dans la tête. On l'identifia comme étant le lieutenant Quentin Roosevelt, des US Flying Corps, fils de l'ancien président. Nous l'avons enterré avec les honneurs militaires dus à son rang et à son courage.”
Quentin Roosevelt n'avait pas 21 ans.
Sur son lit de mort, Théodore Roosevelt exprima le désir que la valeur de son prix Nobel de la paix, reçu en 1906, serve à l'érection d'un monument à la mémoire de son fils. Suivant son vœu qui disait : “ Là où l'arbre tombe, il doit rester”, on laissa la sépulture au milieu de la plaine. Après la mort de son mari, Mme Roosevelt, qui souhaitait un monument d’utilité publique, finança la transformation de l'abreuvoir de Chamery en fontaine à la mémoire de Quentin.
Le 22 septembre 1955, les restes du pilote furent transférés au cimetière de Colleville- Saint-Laurent-sur-Mer (Omaha Beach) en Normandie. Il repose à côté de son frère aîné le général Théodore Roosevelt Junior décédé en Normandie en 1944.
Aujourd'hui, l'amitié entre la France et les Etats-Unis ayant laissé son empreinte dans l'histoire locale, Château-Thierry entretient la mémoire du célèbre aviateur.
« Il n’existe pas deux nations plus unies par les liens de l’histoire et de l’amitié mutuelle que les peuples de France et des États-Unis d’Amérique ». Franklin Roosevelt